Port

Etape

La nuit luit de nuées souples venant de l'est
La moiteur est là dans les lignes géométriques
Je chante les sirènes qui sirotent dans les criques
Pendant que pour l'étape je lâche un peu de lest

Je sais ce que je veux et ce que je ne veux plus
Je conchie ceux qui ont le verbe hasardeux
Ils peuvent être héritiers mais s'ils sont haineux
Qu'ils restent dans leur fange et leur torrent de pus

Je fus jadis la victime mesongère
Le chantre de la fausse vérité
Celle qui m'a de dedans consumé
Jusqu'à ce que je mange la réelle terre

Jamais je ne reviendrai dans ces égoûts fumeux
Dans l'antre de la mouise dans la coulpe battue
Je la bas depuis lors pour mes travers tortueux
Refusant d'incarner le tortionnaire qui pue

O Dieu ! que je suis bas et pauvre
Que mon coeur est sec en comparaison de J.
Combien de prières devrai-je encore à Marie
Pour que mon âme misérable ne se sauve

Je regarde le miroir et il me dit reviens
Fais face à ce vide qui est ton seul destin
Marche un pas de plus vers le salut réel
Te courbant toujours plus devant ton Eternel

Je ne fuis plus je suis moi le misérable
Au pied de l'arbre de vie les racines au ciel
Je crie dans la tempête les deux pieds dans le sable
De mes péchés immenses chaotique kyrielle

Mais jamais plus je ne prendrai les péchés d'un autre
D'un fantasme de jus d'un délire de bonne-femme
D'une flèche d'amazone prenant l'homme pour l'âne
Capable d'endosser les blessures vôtres

Que les masques servent à cacher leur misère
Que les ombres révèlent leurs veines saillantes
Que les affres surgissent des tombes malveillantes
Que la chaîne maudite perpétue les hiers

Oui vous étiez folles dans les temps jadis
A inventer des monstres projetés de vos maux
Créant de mère en fille l'absurde édifice
De mensonges et de haine comme un vil fléau

Je conchie votre route et vos folies gerbantes
Je méprise vos douleurs vos routes défaillantes
Vos gluantes apnées qui vous lient dans la fange
Vous suffocantes harpies oubliées des archanges

Vous avez déchaîné des forces pour nuire
Mais les remous de la mer ne sont pas prévisibles
Ils dansent en désordre avant la chrysalide
Qui colle à la branche des verts devenir

Qu'éclose la taille et le bel aujourd'hui
Qu'explose le feu dans l'arc-en-ciel d'Hermès
Le double est là qui s'arrime au beau fruit
Qui ouvre son coeur las à la très sainte messe

Les flots ont balayé des générations de névroses
De folles de mère en fille qui détruisent leurs proches
Qui sont froides au dedans d'un feu noir qui ose
Venimer sans réserve ce que leurs crocs accrochent

Je laisse partir les harpies hargneuses
Qui jacassent de venin gerbant leur bile noire
Elles restent au loin hantant leurs vomitoires
Mais le navire vogue vers des vagues heureuses

La nuit luit de nuées souples venant de l'est
La moiteur est là dans les lignes parallèles
Je chante le présent aux ridules irréelles
Tandis que pour l'étape je lâche un peu de lest

1001nuits, Octobre 2021

Photo by Jeff Golenski from FreeImages